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viernes, 23 de agosto de 2013

Pour la francophonie


Obama et les Frères musulmans


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Obama l’a fait. Il a « suspendu » les aides financières et militaires à l’Egypte. Il n’a, comme l’a dit la Maison Blanche, pas pris la « décision officielle » de les rayer d’un trait de plume, mais la seule différence est l’ambiguité de la formulation.
Obama n’a pas décidé cette suspension au temps où Mohamed Morsi avançait vers la mise en place d’un régime totalitaire islamiste dans le pays, non, bien sûr : il a décidé ce type de suspension alors que l’armée égyptienne tente de rétablir un minimum d’ordre dans le pays et de sauver ce qui peut encore l’être.
Obama s’est par ailleurs inquiété des « violations des droits de l’homme » constituées par les arrestations des dirigeants des Frères musulmans, et par la répression contre les milices islamistes dans le pays, mais il n’a pas vu la moindre « violation des droits de l’homme » dans les massacres de Coptes, la prise d’otage et le viol de religieuses chrétiennes et l’incendie de dizaines d’églises par les Frères musulmans.
Tout cela n’a rien de surprenant de la part d’un homme tel que Barack Obama, qui n’a cessé d’avoir des préférences islamistes très prononcées et qui a une conception des «droits de l’homme » elle-même très islamique.
Tout cela n’en est pas moins extrêmement grave.
L’armée égyptienne voit clair dans le jeu d’Obama, et sait désormais sans le moindre doute que l’administration Obama est dans le camp ennemi.
Elle sait qu’elle ne peut compter sur l’administration Obama que pour recevoir de mauvais coups.
L’Arabie Saoudite et les émirats du Golfe, qui fournissent à l’armée égyptienne des assistances financières massives voient aussi très clair dans le jeu d’Obama.
Le gouvernement israélien, qui appuie, très discrètement, l’armée égyptienne, y voit aussi très clair, même si, pour des raisons diplomatiques, aucun dirigeant israélien ne le dira.
Ce qui prend forme est, plus que jamais pour l’armée égyptienne (qui représente de facto à nouveau le pouvoir en Egypte), l’Arabie Saoudite et les émirats, une rupture d’alliance, déjà nette au moment de la chute de Moubarak, mais désormais flagrante, et qui sera d’autant plus difficile à réparer qu’elle est perçue comme fondée sur une succession de trahisons.
Cette rupture est à même d’inciter les puissances concernées à s’orienter vers d’autres alliances : ce d’autant plus que les Républicains américains oscillent, pour l’heure, entre l’isolationnisme façon Rand Paul et une dégénérescence du néo-conservatisme incarnée par John McCain et Lindsey Graham, qui ont accepté d’être les envoyés d’Obama voici peu au Caire.
La Russie a fait des offres de service : elle soutient la République islamique d’Iran, ce qui ne peut que déplaire dans le monde sunnite, mais elle peut affirmer son hostilité à l’islam radical tel qu’incarné par al Qaida et les Frères musulmans, en raison des risques d’agitation dans les régions caucasiennes. La Chine se place elle aussi sur les rangs : elle a un besoin vital des ressources énergétiques du Proche Orient et du canal de Suez, et, tout en ayant elle aussi des liens avec l’Iran, elle est elle aussi hostile à l’islam radical tel qu’incarné par al Qaida et les Frères musulmans, en raison des risques d’agitation dans le Xinjiang parmi les Ouighours.
Israël, placé sous pression intense par l’administration Obama, est aussi confronté à une rupture d’alliances sur fond de trahisons qui pourrait elle-même mener les dirigeants israéliens à tirer des conclusions : les hautes technologies israéliennes présente un intérêt très concret pour la Russie, pour la Chine, pour l’Inde. Les ressources énergétiques israéliennes présentent un intérêt pour la Chine et l’Inde, et au delà pour l’Asie entière.
L’attitude de l’Union Européenne et des pays européens, qui se placent à la remorque de l’administration Obama n’arrange rien, bien sûr.
J’ai écrit récemment que l’ordre du monde établi après 1945 se trouvait ébranlé. Cet ébranlement se poursuit. Obama et ceux qui l’entourent en sont les maîtres d’oeuvre.
J’ai d’emblée considéré l’élection d’Obama comme un cataclysme. J’ai publié voici près d’un an un livre appelé Le désastre Obama. Ce livre est, hélas, plus que jamais d’actualité.
Nous sommes dans le désastre.
Barack Obama n’a cessé d’avoir des préférences islamistes très prononcées et une conception des «droits de l’homme » très islamique, ai-je dit.
L’administration Obama est, depuis le départ, sous l’impulsion d’Obama, l’alliée des Frères musulmans : elle a voulu rendre le monde musulman plus sûr pour l’islam radical et a agi à cette fin.
Elle a espéré faire rentrer al Qaida dans le rang en éliminant la tendance Ben Laden, et en favorisant la tendance Zawahiri, prête à se rallier à la prise de pouvoir par les Frères musulmans, et a encouragé ainsi un rapprochement entre al Qaida et Frères musulmans.
Elle a adopté une immense mansuétude vis-à-vis de l’Iran des mollahs et a fermé les yeux sur les alliances entre l’Iran et le Hamas, puis sur les rapprochements, sous Morsi, entre Frères musulmans et régime iranien.
Elle a encouragé l’islamisation de la Turquie par Erdogan et le financement des Frères musulmans par le Qatar.
Elle a, après avoir soutenu Assad, encouragé la tentative de renversement d’Assad par les Frères musulmans et le Qatar, avec l’appui de la Turquie, aux fins d’installer les Frères musulmans au pouvoir à Damas.
Elle a abandonné l’Irak au régime iranien et est en train d’abandonner l’Afghanistan aux talibans.
Elle a fortement contribué au renversement de Kadhafi en Libye et au pillage des arsenaux de Kadhafi par des gens d’al Qaida, dont les armes se retrouvent dans tout le Sahel, en Syrie et dans le Sinaï.
Elle porte présentement la responsabilité des massacres de Coptes en Egypte, mais aussi de la situation meurtrière dans le Sinaï, de la guerre qui s’éternise en Syrie, des attentats en Irak.
Elle est l’instigatrice de la rupture d’alliance avec l’Egypte et du risque d’une rupture d’alliance avec l’Arabie Saoudite et les émirats.
Si elle voulait inciter Israël à revoir ses orientations, elle ne s’y prendrait pas mieux.
Si elle voulait renforcer l’attitude pusillanime de l’Union Européenne et des pays européens, elle ne s’y prendrait pas mieux non plus.
La Russie, et la Chine, viennent occuper l’espace laissé béant par les Etats Unis d’Obama. C’est logique.
Dans le grand désordre qui vient, il se dessine un camp de l’ordre autoritaire : Russie, Chine, Arabie Saoudite, émirats, Egypte. Il se dessine des forces actives du désordre : le gauchisme de l’administration Obama et l’islam radical.
Et il se dessine un camp de la peur face au désordre, apeuré par l’islam radical, et prêt à se soumettre à qui l’épargnera : l’Europe.
Israël doit se positionner face à cette équation.
Il n’existe pour l’heure plus aucun camp qui incarne encore les valeurs qui ont fait la grandeur de la civilisation occidentale.
Un tel camp renaîtra-t-il ? Je ne puis répondre.
Dans un livre portant sur la mondialisation, La septième dimension, j’expliquais en quoi celle-ci était porteuse de fécondités immenses. Je parlais des Etats Unis comme la matrice de cette fécondité. Je notais les dangers qui montaient sur l’horizon. Je concluais en disant que nous étions sur le fil du rasoir et que si, dans le moyen terme, les fécondités l’emporteraient sans doute, dans le court terme, le rasoir pouvait trancher et conduire vers une zone de tempêtes.
Nous sommes dans cette zone de tempêtes.
L’élection de Barack Obama, et sa réélection apparaîtront aux historiens du futur comme ayant été bien davantage qu’un cataclysme.
L’alliance d’Obama avec la confrérie des Frères musulmans leur apparaîtra comme le pacte diabolique installé au cœur monstrueux de ce cataclysme.
Un petit livre de Frank Gaffney, The Muslim Brotherhood in the Obama Administration, disponible sur Frontpage Magazine, donne tous les détails requis pour ceux qui veulent comprendre.
Les autres passeront leur chemin et prétendront n’avoir rien vu et rien entendu, bien sûr…
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info
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A propos de l'auteur
Guy Millière, (spécialisation : économie, géopolitique). Titulaire de trois doctorats, il est professeur à l'Université Paris VIII Histoire des cultures, Philosophie du droit, Economie de la communication et Maître de conférences à Sciences Po, ainsi que professeur invité aux Etats-Unis. Il collabore à de nombreux think tanks aux Etats-Unis et en France. Expert auprès de l’Union Européenne en bioéthique, Conférencier pour la Banque de France. Ancien visiting Professor à la California State University, Long Beach. Traducteur et adaptateur en langue française pour le site DanielPipes.org. Editorialiste à la Metula News Agency, Israël Magazine, Frontpage Magazine, upjf.org. Membre du comité de rédaction d’Outre-terre, revue de géopolitique dirigée par Michel Korinman. Rédacteur en chef de la revue Liberalia de 1989 à 1992 Il a participé aux travaux de l'American Entreprise Institute et de l'Hoover Institution. Il a été conférencier pour la Banque de France, Il a participé à l'édition d'ouvrages libéraux contemporains comme La constitution de la liberté de Friedrich Hayek en 1994 dans la collection Liberalia, puis dans la collection « Au service de la liberté » qu'il a créée aux éditions Cheminements en 2007. Il a également été rédacteur en chef de la revue éponyme Liberalia de 1989 à 1992. Il a été vice-président de l'Institut de l'Europe libre ainsi que Président et membre du conseil scientifique de l'Institut Turgot. Il fait partie du comité directeur de l'Alliance France-Israël présidée par Gilles-William Goldnadel. Il est l'auteur de plus d'une vingtaine d'ouvrages.
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