Revue de la presse israélienne du Service de presse de l’ambassade de France
De nombreux journaux israéliens ont fait leurs unes cette semaine sur la reformulation de l’initiative de paix arabe de 2002, annoncée au terme d’une réunion à Washington entre une délégation de la Ligue arabe et le Secrétaire d’Etat américain John Kerry. Lors d’une conférence de presse, le Premier ministre qatari, Hamad ben Jassem al-Thani, s’est en effet dit favorable à un échange de territoires mineurs entre Israël et les Palestiniens.
Une modulation qui a incité certains commentateurs israéliens à estimer qu’Israël pourrait « préserver ses blocs de colonies » dans le cadre d’un accord de paix avec les Palestiniens. Au lendemain de ce « tournant historique » (Maariv), la presse relayait l’accueil favorable réservé par les autorités israéliennes à l’inflexion arabe. Cité sous couvert dl’anonymat, un haut responsable israélien avait affirmé qu’Israël accueillait « favorablement l’encouragement donné par la Ligue arabe et par le secrétaire d’Etat américain au processus de paix ».
En visite en Italie, le Président Peres avait lui aussi qualifié de « positive et encourageante » la visite des ministres arabes des Affaires étrangères à Washington. « Le fossé entre nous et les Palestiniens n’est pas si grand. Mahmoud Abbas est un réel partenaire pour la paix et Israël est disposé à reprendre les pourparlers sans conditions préalables », a-til déclaré.
Certaines réactions tempérées de la classe politique israélienne sont toutefois venues « refroidir » les premiers élans d’enthousiasme. Lors de sa première réunion au ministère des Affaires étrangères, le Premier ministre Nétanyahou a déclaré que le conflit israélo-palestinien n’était pas « territorial » mais portait sur « l’existence même de l’Etat d’Israël ». « L’absence de volonté des Palestiniens de reconnaître l’Etat d’Israël comme l’Etat-Nation du peuple juif, voilà la racine du conflit », a-t-il lancé aux diplomates.
« L’histoire du conflit n’a pas débuté en 1967. La racine du conflit n’est pas à Ytzhar (colonie de Cisjordanie, Ndt) mais à Haïfa, à St Jean d’Acre, à Jaffa et à Ashkélon ». « It’s not about Palestine it’s about Jewish State » (« Il ne s’agit pas de la Palestine, mais de l’existence d’un Etat Juif » Ndt), a-t-il renchéri en anglais. « Je n’ai pas de préalables mais nous devons être sûrs qu’au terme des pourparlers, le conflit prendra définitivement fin et que les Palestiniens cesserons leurs revendications et qu’ils reconnaîtront un Etat-Nation juif ».
Par ailleurs, lors d’une rencontre avec le ministre suisse des Affaires étrangères, Didier Burkhalter, le chef du gouvernement israélien a affirmé qu’il soumettrait tout accord de paix avec les Palestiniens à un référendum.
De la même manière, le ministre des Communications et membre du cabinet de sécurité, Guilad Erdan (Likoud) a déclaré à la radio publique que « si Israël accepte de venir à la table des négociations en affirmant à l’avance qu’elles se dérouleront sur la base des lignes de 1967, il ne restera pas grand chose à négocier. On ne peut pas commencer à discuter en acceptant d’avance de renoncer à tout ».
Tzipi Livni, la ministre de la Justice, en charge des négociations avec les Palestiniens, a de son côté qualifié de « bonne nouvelle » l’inflexion de la position arabe. « C’est une bonne nouvelle pour Israël, pour les Palestiniens et pour la communauté internationale. L’autre bonne nouvelle, c’est que l’initiative n‘est pas à prendre ou à laisser mais est négociable », a-t-elle déclaré au terme d’une rencontre à New York avec le Secrétaire des Nations Unies, Ban Ki Moon. Mme Livni s’est rendue pour une visite éclair à Washington accompagnée du Conseiller spécial du Premier ministre, Maitre Yitzhak Molcho, pour s’entretenir avec le Secrétaire d’Etat américain Kerry au sujet du plan de paix de la Ligue arabe.
Enfin, la chef de l’opposition travailliste, Shelly Yachimovitch, a estimé que la décision « importante » de la Ligue arabe pouvait « rendre possible une relance des négociations ». Elle a par ailleurs assuré que son parti considérerait positivement son ralliement à la coalition si la perspective d’un accord conduisait la formation Foyer juif (droite radicale opposée à la création d’un Etat palestinien) à quitter le gouvernement. « Les travaillistes ne seront pas ceux qui empêcheront un accord », a-t-elle affirmé à la radio militaire.
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