Lettre ouverte d’un responsable de la Ligue de Défense Juive
Chers amis d’Israël, chers membres de la communauté juive,
je suis né dans le pays du capitaine Dreyfus et de la rafle du Vel d’Hiv, cette France qui a vu grandir Ilan Halimi et les enfants d’Ozar Hatorah de Toulouse.
Conscient depuis ma jeunesse que la flamme antisémite responsable de la destruction d’une partie de mon peuple ne s’était pas éteinte après la Shoah, j’ai milité dès l’âge de 18 ans dans plusieurs organisations juives et sionistes.
Au départ, nous étions cinq amis à former un petit groupe appelé alors « ‘hadar » qu’on pourrait traduire littéralement en français par respect. Notre objectif consistait à chasser les antisémites d’extrême droite. Très vite, nous avons pris conscience que le masque de nos ennemis avait changé. En 1998, j’étais alors âgé de 21 ans et je rejoignais le Betar. J’y suis resté trois ans.
En 2001, les deux responsables de la Ligue de Défense Juive m’ont proposé de les rejoindre afin de prendre les commandes de la branche activiste, ce que j’ai accepté.
De jour en jour, nos rangs augmentaient. En quelques mois, nous étions déjà plus d’une centaine de militants.
Alors que la seconde intifada éclatait au début des années 2000, des dizaines de manifestations hostiles à l’Etat d’Israël étaient organisées à travers les rues de Paris dans lesquelles résonnaient alors des slogans dignes des années trente.
Nous avions l’habitude d’infiltrer ces manifestations afin d’identifier les organisateurs et les activistes les plus virulents. Il nous est arrivé par la suite de leur répondre avec force. Pendant cette période, les synagogues étaient constamment attaquées alors que des voyous antisémites agressaient quotidiennement nos frères juifs.
Je me souviens également de l’accueil que nous avons réservé à José Bové lors de son retour de Ramallah ainsi que de notre riposte contre les militants de l’Association Générale des Etudiants de Nanterre qui étaient extrêmement virulents à l’égard d’Israël.
J’avais alors été condamné à dix mois de prison avec sursis suite à une altercation violente avec ces derniers.
Je n’oublie pas non plus notre opération contre une librairie dans laquelle un écrivain antisémite y dédicassait son livre. Et dire qu’il y en a encore tant d’autres que je ne mentionnerai pas ici mais dont se souviennent jusqu’à présent nos ennemis…
Parmi toutes les actions que nous avons menées, je garde un souvenir particulier de notre descente à Bagneux dont je fus l’un des organisateurs. Pour rendre hommage à Ilan Halimi, nous avons décidé de traverser à pieds la cité dans laquelle il fut sequestré et torturé durant trois longues semaines. Et parce qu’un juif ne doit jamais baisser la tête ni se cacher en France, nous avons scandé en pleine nuit « justice pour Ilan » à travers ce territoire perdu de la République. Personne n’a osé nous affronter. Après notre passage, les murs de la cité étaient recouverts d’affiches rappelant que nous n’accorderons ni pardon ni pitié à ceux qui se font les héritiers des nazis.
En 2009, je passais la responsabilité de l’organisation à Philippe Avichai Wagner qui restera deux ans aux commandes avant de passer le relais à Yossi Ayache qui quitera à son tour la tête du mouvement pour aller vivre en Israël.
J’ai vu défiler des centaines de militants au sein du Betar et de la Ligue de Défense Juive. Beaucoup étaient ce que j’appelle des « touristes du militantisme », c’est-à-dire des personnes qui ont crié dans deux ou trois manifestations « Israël vivra, Israël vaincra » avant de quitter l’organisation aussitôt. Ils ne se gêneront pas néanmoins pour se présenter durant toute leur vie comme des anciens du Betar ou de la LDJ.
Heureusement, beaucoup d’autres étaient de vrais militants, des guerriers même. Aujourd’hui, ils sont nombreux à avoir réaliser leur alyah.
A la suite de dix-sept années de militantisme et après avoir combattu les antisémites sans relâche, j’ai compris que le vrai combat du peuple juif se mène désormais en Israël.
Le vrai combat, c’est celui qui consiste à renforcer notre Terre, notre nation, notre capitale Jérusalem, celle vers laquelle on se dirige pour prier.
Depuis 2000 ans, nous disons à chaque Pessah : « l’an prochain à Jérusalem ». Aujourd’hui, notre génération a la chance d’avoir la possibilité d’y vivre. A une époque où nous avons un pays, que penseraient nos six millions de frères assassinés durant la Shoah s’ils nous voyaient encore en Europe, continent que je considère comme n’étant rien de moins que le plus grand cimetière juif du monde ?
Combien d’héros se sont sacrifiés pour nous permettre d’avoir un Etat juif dans lequel nous sommes redevenus des hommes libres ?
Certains prétexteront que ce « n’est pas si simple ». C’est vrai ! Il suffit pourtant de s’en donner les moyens même si ça doit prendre du temps et que cela exige un certain nombre d’efforts mais chaque juif doit garder en tête que sa place est en Eretz Israël !
Aujourd’hui, je suis père de trois enfants et je veux les voir grandir sur leur Terre, servir leur pays du mieux qu’ils le peuvent. Laissons aboyer les antisémites de France et d’Europe, la meilleure réponse que nous pouvons leur apporter c’est bien celle-là : nous vivons dans notre pays, celui qu’ils détestent tant, ce pays grandit chaque jour et son peuple est plus vivant que jamais ! Si j’ai six millions de raisons d’être sioniste, la fierté et le dynamisme retrouvés par notre peuple depuis l’indépendance d’Israël me confortent dans mon engagement.
Depuis quelques jours, j’ai quitté la France et je suis rentré à la maison, chez moi, en Israël. Aujourd’hui, un nouveau responsable a été nommé à la tête de la Ligue de Défense Juive, c’est quelqu’un de bien qui saura être digne de sa fonction. Des dizaines de militants continueront de combattre les antisémites en France. J’espère cependant qu’ils ne perdront pas de vue l’aboutissement de leur combat et qu’ils nous rejoindront avec l’ensemble des juifs de diaspora très bientôt en Eretz Israël. AM ISRAEL HAI !
Anthony Attal – JSSNews
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